Alors que le Canada semblait avoir évité l’instauration de tarifs douaniers américains, la décision prise le 10 février par le président Donald Trump change la donne : une taxe de 25 % s’applique désormais aux importations d’aluminium et d’acier, sans exceptions ni exemptions. Si cette nouvelle réalité économique soulève des inquiétudes, l’intérêt pour l’achat local continue de croître à travers le pays. Cette tendance s’inscrit dans la continuité des initiatives lancées ces dernières années, notamment l’introduction en 2022 des certifications « Produit du Québec », « Fabriqué au Québec » et « Conçu au Québec ».
Si ces efforts sont essentiels pour soutenir l’économie locale, sont-ils suffisants pour relever les défis économiques et environnementaux actuels ? Dans un contexte d’incertitude croissante et de pression climatique accrue, pourquoi ne pas aller encore plus loin ? Adopter un modèle d’économie sociale et circulaire permettrait non seulement de renforcer l’achat local, mais aussi d’y ajouter une dimension durable et inclusive, conjuguant prospérité économique, impact social et respect de l’environnement.
Le Québec traverse actuellement une période d’incertitude économique et environnementale complexe. En janvier 2025, le taux de chômage a diminué de 0,2 point de pourcentage pour s’établir à 5,4 %. Bien que cette baisse soit encourageante, des préoccupations subsistent concernant la précarité de l’emploi et les inégalités économiques, qui continuent de se creuser, exacerbant les tensions sociales et fragilisant la cohésion collective. Sur le plan environnemental, la crise climatique impose une transformation radicale de nos modes de production et de consommation. Des organisations non gouvernementales (ONG) appellent à ne pas reculer sous prétexte de la crise actuelle, soulignant que les politiques environnementales doivent être maintenues malgré les défis économiques. Dans ce contexte, la consommation responsable n’est plus une option, mais une nécessité pour garantir un avenir viable, tant sur le plan économique qu’écologique.
Dans un contexte de transformation économique et environnementale, l’économie sociale et circulaire s’impose comme une alternative ambitieuse et durable. Fondé sur des principes de réutilisation, de transformation et d’insertion socioprofessionnelle, ce modèle apporte une réponse concrète aux défis actuels. Il permet non seulement de réduire notre consommation et notre dépendance aux marchés internationaux, mais aussi de créer des emplois locaux durables et de favoriser une économie plus inclusive. Le Québec compte plus de 11 200 entreprises d’économie sociale, générant environ 220 000 emplois. Pourtant, ce levier de développement demeure sous-exploité dans nos politiques économiques. Pourquoi ne pas en faire un pilier central de notre croissance collective ? Pourquoi ne pas soutenir davantage ces entreprises qui réinvestissent leurs profits dans notre communauté et placent l’humain et l’environnement au cœur de leur mission ?
Dans une société de plus en plus sensible aux enjeux sociaux et environnementaux, consommer est devenu un acte engagé. Acheter québécois est un premier pas, mais il est encore plus structurant de privilégier des entreprises qui transforment réellement notre économie, en intégrant des pratiques durables et un impact social tangible tout en ayant la certitude qu’elles resteront chez nous comme elles appartiennent à la population québécoise. Et si l’économie sociale devenait le prochain grand projet collectif du Québec ? Nous avons aujourd’hui l’occasion de transformer une prise de conscience en un
véritable mouvement de fond. Au-delà des débats commerciaux et des politiques protectionnistes, faisons de la consommation responsable une valeur profondément ancrée dans nos choix quotidiens.
Investir dans l’économie sociale et circulaire, c’est bâtir un Québec plus fort, plus résilient et plus inclusif. Une priorité durable, non seulement pour aujourd’hui, mais aussi pour les générations à venir.